03 Jul
Légendes Hakka.

Je suis par ma mère, une authentique Peranakan et plus encore, pour ¼ de mes gènes, une descendante des Hakkas. Il existe un endroit magique à Singapour. Le « Plum Village » (1).  C’est bien plus qu’un simple restaurant. Vous pouvez bien sûr y découvrir le délicieux « mei cai kou rou » accompagner d’un authentique « thunder tea rice » (2), mais surtout vous plongerez dans l’univers de cette communauté si peu connue entouré d’un décor traditionnel qui ne se trouve presque plus. Ma mère et un oncle ont longtemps été des bénévoles de l’association Hakka de Singapour (3) et grâce à cela, j’ai eu la chance incroyable de découvrir toute la richesse de ce peuple méconnu. 

En Chine, le peuple Hakka vit dans des zones montagneuses (4), à proximité des montagnes, travaille toute l'année et a des coutumes folkloriques simples. Il existe de nombreuses histoires et légendes merveilleuses, des chansons touchantes et des proverbes assourdissants. Tout ceci est enraciné dans le sol fertile du paysage local, et chaque feuille respire le parfum de la terre; la joie, la colère, la tristesse et le bonheur qu'il exprime peuvent toucher les cordes sensibles du cœur des gens, en y racontant la beauté, le mensonge, le mal, le bien et la laideur; ses récits, descriptions et métaphores sont réalistes, pleines de chair et de sang, et pas du tout artificiels. 

Comme dans de nombreuses cultures, les femmes Hakka portent en elles la mémoire de leur peuple, gardiennes ancestrales des mythes et légendes fondatrices. Certaines histoires et légendes des femmes Hakka montrent les protagonistes utilisant leur intelligence pour faire la satire et résister aux oppresseurs, montrant leur caractère humoristique et leurs talents sarcastiques; certaines histoires reflètent des activités de travail productives, des conflits familiaux, des amitiés, etc. Ces histoires sont pleines d’esprit, de sens, d'intérêt, courtes et concis. Ces histoires et légendes sur les femmes Hakka fascinent souvent le public chinois en raison de leur charme unique et de leur saveur folklorique. Ce type de littérature orale populaire fait l’éloge des belles âmes des travailleurs avec beaucoup d’enthousiasme, est très imaginative et contagieuse. Cependant, dans son processus de transmission, elle ne peut que porter la marque du temps. Le « parler des temps anciens » transmis par les ancêtres (générations) des travailleurs Hakka, est finalement sorti des montagnes vertes, des eaux vertes, des champs et des forêts où il est né et a grandi, et est entré dans l'élégante salle de littérature chinoise. 

Celles laissées par Fan Aixiang célèbre poétesse Hakka, sont justes et profonds. Son nom d'origine est Zhuji, et elle s'appelle également Qingxiu. Elle est originaire du village de Zili, ville de Sanhe, canton de Dabu, province du Guangdong (6). Des années plus tard, elle s'est installée dans le canton de Meixian (aujourd'hui Dongsheng, dans le district de Meijiang, a Meizhou). Elle est née l'année Yichou de Jiaqing (1805) sous la dynastie Qing. Elle est décédée à l’âge honorable de 85 ans en laissant un volume de ses œuvres intitulé « Hua Bi Ji », malheureusement exclusivement en chinois. Voici ma légende favorite (5) issu du « Hua Bi Ji » : 

Il était une fois, la famille de Huang Chenghou, qui vivait dans le village de Xia Yang. Son épouse et lui étaient mariés depuis de nombreuses années, mais cette dernière n'avait donné naissance ni à un garçon ni à une fille. Le couple craignait d'éteindre l'héritage ancestral s'ils n'avaient pas d'enfants, alors ils prirent en charge dans l’optique de l’adopter un jour, une petite fille du village de Bailian. Huang Chenghou avait donné à cette petite fille un joli nom : Jujiao. Au cours de l'hiver de l'année suivante, lorsque la femme de Huang eu quarante ans, elle donna naissance à un gros bébé qu’ils nommèrent Chengzi. Avec l'ajout de ce bébé tant attendu à la famille, tous les membres de la famille étaient remplis de bonheur. Une tristesse que Huang Chenghou et sa femme avaient gardée dans leur cœur depuis longtemps était finalement tombée. Le jour où l'enfant eu un mois, le couple organisa une douzaine de banquets et invitèrent parents et voisins à faire la fête. 13 ans plus tard, Jujiao était devenue une jeune fille belle et gracieuse. Huang Chenghou et sa femme la considérèrent alors comme la prunelle de leurs yeux. Les gens des villages voisins félicitaient également Jujiao pour sa beauté, son travail acharné et sa piété filiale. Comme elle était en âge de se marier, un époux fut trouvé et des fiançailles furent organisés. Mais Jijuao n’était toujours pas adoptée, Huang Chenghou et son épouse souhaitaient lui faire la surprise le jour de la cérémonie. Mais son fiancé n’arriva jamais et Jijuao l’attendit pendant cinq ans. La population locale l'appelait alors la « fille qui attend » et Jujiao était triste, son délicat vissage était sans sourire. Trois autres années passèrent et finalement Chengzi devint un homme, mais il ne voulut pas d’épouse, Huang Chenghou lui expliqua que pour hériter de la mission familiale, il devait trouver une épouse. C’est alors que Chengzi proposa d’épouser Jujiao. Le choix était plusieurs fois judicieux. Jujiao était connu pour ses belles valeurs et sa belle réputation. Huang Chengzou et son épouse l’avaient toujours considéré comme leur propre fille, même si elle n’avait jamais été adopté. Et c’est cela que mis en avant Chengzi. Jujiao n’était pas sa sœur et ils pouvaient donc se marier. Huang Chengzou et son épouse acceptèrent et la cérémonie fut organisé. Le couple avait choisi un jour propice pour se marier et le soir après les noces, dans le lit nuptiale, Chengzi avoua a Jujiao qu’il avait toujours été secrètement amoureux d’elle.

Cette petite histoire typiquement folklorique est une belle illustration des courtes légendes et mythes qui se raconte au détour d’une table, d’un lit lorsqu’une mère veut raconter une histoire a son enfant. Elles sont la richesse culturelle des Hakkas et par extension, des Chinois Peranakans.

Embun DH.

Notes.

1 : 16 Jln Leban, Singapore 577554. 

2 : Très loin du riz bouilli au porc accompagné d’un simple bouillon vite préparé par ma mère les dimanches. 

3 : https://travelertina.blog/2024/01/15/singapores-hakka-roots-visiting-char-yong-heritage-hall/ 

4 : http://eastasiaorigin.blogspot.com/2017/11/origin-of-hakka-language.html 

5 : celle que ma mère me racontait souvent.

6: je viens de vous le faire a la chinoise. 

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